Face à une demande croissante de jeunes en situation de précarité et à une crise du logement qui ne cesse de s’aggraver, l’ASBL Racynes s’apprête à étendre son dispositif d’hébergement grâce à la construction de quatre nouvelles tiny houses. Un projet ambitieux, ancré dans l’accompagnement social, la transition écologique et la volonté d’offrir de véritables tremplins vers l’autonomie.
Par Eléa Schillaci
Quand un toit devient une bouée de sauvetage
Je mange mieux, je vis mieux. J’ai l’impression, enfin, de vivre.
Derrière les chiffres, il y a des parcours. Celui de Wendy, 26 ans, illustre le rôle clé du logement tremplin proposé par l’ASBL. Après une relation familiale compliquée, une santé fragile et l’absence de garant, elle se retrouve dans l’impossibilité de trouver un logement seule via le CPAS. « Je mange mieux, je vis mieux. J’ai l’impression, enfin, de vivre « , confie-t-elle. Arrivée en septembre, elle bénéficie d’un appartement individuel sur le site de Oupeye, accompagnée d’éducateurs qui l’aident aussi bien dans ses démarches administratives que dans la gestion du quotidien. « Je ne savais pas faire une machine à laver, ni cuisiner. Ici, on m’a appris. » Comme elle, une quarantaine de jeunes, pas seulement à Oupeye, sont actuellement logés par l’association, dont une majorité de 17 à 26 ans. Plusieurs proviennent d’institutions de la jeunesse, d’histoires familiales difficiles ou de parcours migratoires.
Un projet né il y a quinze ans, qui continue de s’étendre
Le directeur de l’ASBL, Alexandre Carlier, rappelle que l’histoire du service logement de l’association remonte à 2010 : » Nous avons commencé avec six logements répondant à un appel à projet de la Région wallonne. » Aujourd’hui, l’association gère environ 40 logements répartis entre Oupeye, Liège et la Basse-Meuse avec des appartements, colocations et déjà deux tiny houses. L’augmentation de la demande et la proximité des autres services de l’ASBL comme l’aide alimentaire, le restaurant social et la ferme d’animation ont poussé l’association à concentrer son extension sur Haccourt.
Les tiny houses : une réponse écologique et sociale
Nous espérons pouvoir accueillir les premiers locataires en 2027.
Sensibilisée depuis ses débuts aux enjeux de transition écologique, l’ASBL a choisi d’investir dans l’habitat léger. Quatre nouvelles tiny houses seront installées sur un terrain mis à disposition pendant 99 ans par la commune d’Oupeye. Le permis d’urbanisme vient d’être introduit et l’association espère pouvoir commencer la construction en 2026, après l’installation des raccordements en eau et électricité et la création d’un système de lagunage pour l’épuration. “Nous espérons pouvoir accueillir les premiers locataires en 2027” souligne Alexandre Carlier. Le financement provient en grande partie du mécénat, via la Fondation Roi Baudouin et notamment le fonds Vinci.
Un accompagnement intensif pour une véritable autonomie
Entrer dans un logement signifie aussi s’engager dans un suivi rigoureux. Chaque jeune bénéficie d’au moins deux heures d’accompagnement hebdomadaire par une équipe de huit professionnels composée d’éducateurs et d’assistants sociaux. Cela inclut une aide administrative, la gestion du logement au quotidien, une remobilisation socio-professionnelle et la participation aux activités collectives du site. L’équipe propose aussi des activités de préformation, de remise en condition physique, des découvertes métiers, ou un engagement dans les services sociaux du site comme l’épicerie ou la ferme d’animation.
Des loyers accessibles et un modèle d’épargne solidaire
Les loyers sont pensés pour être accessibles. Avec 400 €, un locataire peut vivre dans un des appartements du site, dont une partie mise en épargne locative pour aider le jeune lors de son départ. Pas de caution à payer immédiatement, elle est constituée petit à petit. Les tiny houses serviront aussi au logement d’urgence, « jusqu’à six jours pour des jeunes qui se retrouvent à la rue » explique le directeur.
Une vraie crise du logement
Pour l’ASBL, l’expansion est devenue indispensable, » On reçoit beaucoup de jeunes qui cherchent un logement. La crise est réelle » alerte Alexandre Carlier. Les tables de logement, organisées chaque premier lundi du mois, ne désemplissent pas. Wendy, l’une des résidentes, confirme, « J’ai eu énormément de chance d’avoir une place. Beaucoup attendent. «
Un modèle qui inspire
En combinant logement, accompagnement intensif et projet de société écologique, l’ASBL Racynes propose un modèle alternatif qui semble répondre efficacement aux besoins des jeunes en situation de fragilité. Les tiny houses marquent une nouvelle étape, flexibles, légères, accessibles, elles permettent d’offrir des solutions rapides et adaptées, tout en soutenant des trajectoires qui, autrement, risqueraient de s’enliser.
Retrouvez l’article : À Oupeye, des tiny houses pour reconstruire des vies – RTBF Actus
